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Détachez les Arbres, Libérez les Troncs, Coupez les Liens

Voila ce que je veux faire passer comme message à tous les acteurs de la création d’espaces verts et autres marchés d’appel d’offres concernant les parcs, jardins et autres plantations d’alignement ainsi qu’à tous les jardiniers professionnels ou amateurs.

 

Depuis quelques années, les cahiers des clauses techniques, les conseillers et professeurs de tous bords s’emploient à imposer aux jardiniers et aux entreprises l’utilisation de tuteurs et d’attaches caoutchoucs d’une efficacité redoutable.

 

Surtout pour les arbres. Au gré de mes promenades dans les nouvelles réalisations d’espaces verts (parcs, jardins et bords de voies), je remarque que de plus en plus souvent les tuteurs et les attaches des arbres sont disproportionnés à l’arbre ou l’arbuste planté. Dans un souci d’avoir des arbres plus droits que droit ? Ou autres…

 

Les piquets châtaigniers sont le plus souvent plus gros que les arbres plantés eux mêmes. Les liens sont des liens caoutchoucs très larges, très résistants (pratiquement imputrescibles) et fixés avec des vis sur le support et boutonnés avec des systèmes sophistiqués empêchant leur élasticité. Le tuteur et son attache plus la pose avec des vis coûtent souvent plus cher que l’arbuste planté avec une efficacité toute relative. Le tuteur est de plus en plus planté en biais comme une jambe de force au lieu d’être parallèle et vertical. 

 

Une fois mis en place, le chantier terminé, ces liens serrés restent en place des années sans que personne ne prenne la peine de les retirer. L’arbre grandit et grossit, le lien ne se désagrège pas et enserre de plus en plus le tronc à son endroit. Le tronc grossit au dessus et à l’endroit du lien un étranglement s’accentue jusqu’à rendre l’arbre cassant et dangereux.

 

J’ai vu des cyprès taillés depuis des années avec le tuteur visible entrant dans la masse de l’arbre et le jardinier continuer à tailler le cyprès en contournant le tuteur sans l’enlever.

Devant ces inepties, je m’emploie depuis des années à signaler aux équipes d’entretien que je peux voir, de couper les liens et enlever les tuteurs qui au bout d’un an ou deux maximum ne servent plus a rien sauf à blesser l’arbre. J’ai toujours sur moi mon couteau et quand je suis dans un jardin public ou privé ou que je marche sur une nouvelle avenue, je libère les arbres de leurs liens inutiles et blessants. 

 

Par expérience, je peux dire que les arbustes et arbres plantés n’ont pas besoin de tuteur, sauf cas particulier et qu’au contraire le tuteur les empêche de prendre de la force. Comme tout, la systématisation d’un concept à tout un chantier sans discernement conduit à des aberrations et au contraire du résultat que l’on veut obtenir.

C’est vrai, qu’avant aucun industriel ne s’était penché sur la production en quantités planétaires de lien pour arbres et que les bout de chiffon, ficelles ou autres tissus faisaient désordres mais avaient l’avantage de disparaître  assez rapidement laissant le piquet droit à coté de son sujet, c’est vrai que le manque de traitement des piquets et leurs petites taille faisaient que la pointe dans le sol se pourrissait et le tuteur vacillait de lui-même. 

 

Avant, on voyait l’arbre avant le tuteur, maintenant c’est l’inverse, l’importance est donné au tuteur, nombre de maître d’œuvre et d’ouvrage vérifient de plus en plus la qualité du tuteur, son inclinaison, sa direction, son positionnement pour sanctionner l’entreprise : c’est plus facile que de remarquer la bonne santé de l’arbre, la beauté de son port et surtout si c’est le bon au bon endroit (surtout quand il n’a pas les feuilles)…

 

J’ai planté des quantités d’arbres, d’arbustes et des haies en motte et  sans mettre systématiquement de tuteur, si l’arbre déjà ne tient pas droit tout seul à la plantation il y a du souci à se faire.

 

Le poids de la motte doit être proportionnel à la taille et au poids de l’arbre. Si ce n’est pas le cas, la résistance à l’air et au vent fait pencher l’arbre. La motte se soulève et l’arbre tombe, dans ce cas le tuteur sert à tenir la motte au mépris de l’arbre qui peut casser dans sa partie haute (branches) car il ne peut pas plier, il est rigide.

 

Si le poids de la motte est suffisant, mais que l’arbre est flexible ou penché (signe de faiblesse du végétal), le tuteur sert alors à le redresser ou le renforcer, dans ce cas, un tuteur en jambe de force n’est pas à conseiller car l’attache à cet endroit de croisement peut être le point de rupture qui va fragiliser encore plus l’arbre.

 

Dans ce cas, le tuteur doit être posé en parallèle de l’arbre et plusieurs attaches doivent être espacées tout le long du tronc.

 

En fait, le tuteur et le lien doivent être adaptés à chaque situation et à chaque arbre suivant le résultat à obtenir. Mais surtout, une fois posé, le tuteur et l’attache doivent être surveillés, relâchés au fur et à mesure de la croissance et enlever quand cela ne sert plus à rien.

Cette nouvelle mode de tuteurage va de pair avec la commercialisation de matériel, produits, matériaux et autres accessoires pour le jardin. Le marché devenant de plus en plus juteux pour l’industrie.

 

En fait, on découvre un produit qu’il faut vendre pour faire tourner la boite ou recycler des matières ou …. Ensuite on cherche tous les arguments commerciaux pour le vendre sous une étiquette « verte, bio, environnementale, développement durable… » Puis on le systématise pour le rendre indispensable au maitre d’œuvre et au maitre d’ouvrage en leur faisant passer des dossiers déjà tout faits vantant qualités et mérites en y ajoutant la plupart du temps des notices techniques et administratives sans contrôle réel mais qui dissimulent une compétence absente. 

 

Il faut donc maintenant des produits industriels pour tout et l’imagination n’a pas de limite.

Pour rester dans le domaine du tuteur et de la plantation, les tuteurs pour tomates, courges et haricots… il y a en en rond, en carré, en tire bouchons, en filets, en résine, en fer forgé, en bois, …je ne sais pas comment cela se passe dans les autres régions mais ici, les cannes de Provence, bambous et autres échalas sont légions et la plupart du temps soumis à destruction systématique et ne coûtent rien, alors ?...

 

Comment se fait il que plus on parle développement durable et plus on privilégie des matières synthétiques et industrielles qui viennent de loin au détriment des matières naturelles  existantes sur place ?

 

Plus on parle de tri et de recyclage et moins on en fait sur place.

 

Détachez vous de la publicité et des préconisations purement  commerciales

 

Libérez votre esprit de toutes ces habitudes. 

 

Coupez les liens d’avec la société de consommation.

 

Un beau jardin se fait avec cœur, esprit et bon sens.  

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Dany (mercredi, 07 juillet 2021 16:37)

    Je suis 100% d'accord avec votre constat, ayant moi même fait le même. Moi aussi, je me balade avec un couteau pour libérer les liens qui étranglent nos amis les arbres, sans que personne ne s'en soucie... quelle aberration...
    Merci beaucoup pour votre témoignage

  • #2

    Isabelle (mercredi, 05 octobre 2022 23:31)

    Bonjour, en effet on dépense de l'argent pour mettre de beaux arbres sans aucun suivi après pour enlever les tuteurs. C'est aberrant le gachis d'arbres qui pourrissent sans pouvoir grandir et en plus quand les "jardiniers" passent le rotofil, ils n'ont de cesse d'entailler les arbres à la base partout en Île de France. Nos impôts passent dans des arbres que la mairie plante, mais pour les voir pourrir un an plus tard car les "jardiniers " s'en foutent! Moi aussi je passe mon temps à sauver des arbres pour avoir de l'ombre. Si vous saviez comme c'est triste de voir des "jardiniers" qui laissent crever les arbres qu'ils plantent. Et une fois y'a un idiot de jardinier qui me dit de ne pas enlever les entraves alors que l'arbre étoufait, il me dit que ça va être fait mais que néni. Des zombis ces gens là. Non seulement on doit faire leur boulot, mais en plus ils te prennent de haut quand on agit à leur place. Que du greenwashing, et pas de vrai implication de la part des gens du métier de la nature.